A propos

Qu'est-ce que Empreintes-medievales.fr ?

Vous trouverez sur ce site des informations sur les monuments funéraires médiévaux, appelés plates tombes, ou incised slabs ou Grabsteinen. Présentes dans les églises sous forme de dalles, celles-ci marquent l’emplacement où, pendant tout le Moyen Âge, seigneurs et gentilshommes se faisaient inhumer.

Passionné par ce patrimoine historique considérable et par trop méconnu, Michel Schadeck en a fait des empreintes grandeur nature, par frottis. Depuis 1969, il visite les églises des différentes régions de France à la recherche de ces dalles, afin d’en fixer définitivement la trace. En effet, certaines plates tombes se retrouvent aujourd’hui brisées ou dégradées. D'autres, très dégradées, vont se révéler grâce au frottis. C’est donc ce travail de conservation et de révélation que nous vous proposons de découvrir ici.

Cette démarche vise également d’autres objectifs :

Numériser les empreintes pour les archiver

Proposer des expositions au grand public

Compléter le recensement de ces monuments funéraires

Rendre compte de leur état de préservation

Enfin, à travers les recherches et travaux de différents historiens, de passionnés et d’artistes, nous essaierons de vous relayer l’actualité des découvertes et des manifestations qui pourraient vous être proposées. Votre contribution à cette actualité reste naturellement la bienvenue.

Le mot de l'auteur

L’art funéraire est un art encore mal partagé, alors même qu’il évoque les hauts faits qui ont nourri la tradition historique de notre pays autant que la vie des hommes et des femmes figurés sur ces dalles. Rares sont les églises ou les chapelles qui n’en possèdent pas. Mais c’est un patrimoine souvent peu mis en valeur, dont il faut conserver la trace. C’est pourquoi l’empreinte révélée par la paraffine et le lavis offre la réponse que l’on attendait : recueillir une image fidèle de ces éléments mal connus par le biais d’une technique un peu oubliée, mais qui offre à celui qui la pratique une façon simple de fixer la mémoire des choses tout en éprouvant le plaisir d’en recréer la beauté.

Michel Schadeck

En ce qui nous concerne, tout a commencé il y a bien des années (fin 1969 précisément) par la prise de conscience que ces plates tombes que nous foulons de nos pieds avaient un message à nous transmettre. Au premier regard, la gravure du visage qui brille sous la lumière et la tenue de ce chevalier en armes intriguent. Le texte sur le bandeau entourant la dalle semble bien gravé mais peu compréhensible. C’est logique, il est en latin. Il brille aussi. Il brille en raison de l’usure de la pierre qui se patine avec le temps. Comment déchiffrer cette dalle et en rapporter le souvenir ? En relever une empreinte était une solution, et devant le résultat obtenu, l’aventure se poursuivit sur les pierres voisines. Il fallut revenir plusieurs fois pour tout faire, montrer à chaque fois patte blanche pour pénétrer dans cette petite basilique, installer l’escabeau pour fixer la feuille de papier et recommencer le frottage à la paraffine sur chaque nouvelle dalle.

Pendant près de cinquante ans, des dizaines de rouleaux d’empreintes se sont ainsi accumulés au fil des voyages et des découvertes. Il a fallu apprendre la technique de l’empreinte, fixer convenablement la grande feuille découpée dans ces gros rouleaux de papier journal que l’on nomme « bifteck d’imprimerie », maîtriser le frottis de paraffine qui reproduit les reliefs gravés en creux dans la dalle, évaluer, une fois rentré, l’effet du lavis qui va noircir les creux que la paraffine n’a pas protégé… La méthode est simple mais le résultat parfois incertain : le frottis est incomplet, ou bien la paraffine a chargé les creux ; parfois l’éponge dérape et c’est le lavis qui graisse les traits. Alors il faut retourner sur place et tout recommencer, car si le visage ou la silhouette des défunts apparaissent sur le papier, les défauts de la pierre et ceux de notre frottage sont également rendus.

L’empreinte est plus qu’une image et autre chose qu’un portrait. En fait, elle restitue l’un et l’autre à la fois, et avec l’épigraphie sur le bandeau, c’est l’histoire d’un Seigneur qui apparaît, avec son parcours sur terre et son trajet vers l’au-delà. L’empreinte n’est pas la pierre funéraire mais c’est probablement son âme.

Tous ces rouleaux d’empreintes sont restés sagement entreposés sur des dessus d’armoires. Il est arrivé parfois que l’un d’entre eux en redescendît pour être exposé quelques jours, fragile image pendue au mur qui étonnait à chaque fois le visiteur qui la découvrait. Quelques-uns furent montrés à l’occasion, dans une classe d’enluminure, suscitant là encore un murmure d’étonnement et surtout des encouragements à les montrer, à les exposer.

L’idée de réunir un ensemble significatif d’empreintes a fini par faire son chemin et s’est concrétisée peu à peu pour en arriver à les présenter.

Mais cette démarche imposa de consolider par le marouflage toutes ces œuvres de papier, parfois fort abîmées. Cette étape débuta fin novembre 2011, au moment même où Guillaume Grillon soutint à Dijon sa thèse sur « l’ultime message », remarquable travail qui est à la base de cette recherche. Car le sujet de la dalle funéraire n’a jamais été traité profondément. Il reste encore très confidentiel.

L’ambition de chaque exposition est donc de révéler la qualité et l’intérêt patrimonial d’œuvres oubliées du grand public, par la grâce d’une technique qui permet à son auteur de transmettre le témoignage artistique que porte la plate tombe et de rendre sensible son intimité avec l’œuvre.

Michel Schadeck